Les Océanîles
livre d'artiste

Renée Lévy 1906 -1943
Celle qui repose au Mont Valérien

Jusqu’en 1959, l’été, les vacances se passaient à Cayeux.
Comme la maison à la petite barrière blanche n’existait plus, on descendait à l’hôtel du Commerce.
A Paris, j’allais parfois en visite chez mon arrière grand-mère Lucie et malgré mon jeune âge, je me souviens d’elle, telle une apparition floue et informelle, mais terriblement présente.
Elle était toujours acccompagnée de Wanda, sa bonne.
C’est seulement aujourd’hui, que je réalise, qu’en me rendant chez elle, toute petite j’étais dans l’appartement de Renée, ma grande-tante, là au 6 rue de Normandie, où sur la façade de l’immeuble, une plaque rappelle sa mémoire aux passants.
En 2006, j’ai réalisé le premier portrait de Renée, intitulé:Antigone-Renée, parce qu'inspiré de l’Antigone de Jean Anouilh
Annie Rosès : Portrait de famille ou l'enfance
retrouvée
Les Océanîles livre d'artiste 2009

Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme Paris



Antigone Renée© Annie Rosès

Huile sur toile 80 x 80

Seul son sourire livrait quelque chose d’elle...
Arrêtée le 10 Décembre 1941 au cours de l’Opération Porto pour son activité dans la résistance,
Renée Lévy a été jugée par le tribunal du peuple à Cologne, elle a été exécutée le 31 août 1943.
Madame Jacqueline Leitmann retraça le portrait de son amie, Mlle Renée Lévy : C’est elle qui a été choisie pour représenter la Résistance et la Déportation au Mémorial de la France Combattante du Mont-Valérien, parmi les 16 Combattants Morts pour la France du conflit 1939-1945.
C’est pendant la " Drôle de Guerre " que j’ai connu Renée Lévy. Les vacances scolaires 1939 n’étaient pas terminées, beaucoup de familles comme la sienne et la mienne étaient encore sur leur lieu de villégiature. Un lycée fut créé à Cayeux sur Mer, elle en fût Professeur de Lettres, et moi élève de seconde.
"Elle s'appelait Renée Lévy, elle était née le 5 septembre 1906 à Auxerre, où ses parents étaient professeurs, elle était donc issue d'une famille d'intellectuels nourris d'une culture essentiellement et profondément française. En 1913 sa mère fût nommée au Lycée Victor Hugo à Paris, elle y fit toutes ses études secondaires. Une plaque à sa mémoire a été inaugurée dans ce lycée le 19 février 1946, un petit fascicule relate la cérémonie, voici quelques extraits des discours prononcés, les événements étaient récents,les mémoires fidèles : " très gentille camarade aux dires de ses contemporaines, elle est gaie, spirituelle, un tantinet ironique, d’une ironie souriante qui déconcerte parfois un peu. "
En 1936 elle est agrégée de Lettres et affectée au lycée de Lille. Dans cette ville elle retrouve une amie d’enfance avec laquelle elle s’intéresse au Mouvement Féministe, faisant des conférences et écrivant dans le journal du Mouvement. En 1937 elle est nommée au Lycée Victor Hugo, une de ses collègues la dépeint ainsi : “ Discrète, un peu distante, volontiers silencieuse, elle se liait peu.” Une conversation accidentelle nous permit de connaître ses positions profondes ; une chose était frappante chez elle, sans attendre qu’un parti lui révélat la France, ni que les désastres de 1940 lui ouvrissent les yeux...

Celle qui repose au Mont Valérien Voix et visages Jacqueline Leitmann 1982